«Le duel, invention des gentilshommes, ne peut leur survivre», écrit un publiciste révolutionnaire en 1791. Les faits, indiscutablement, lui ont donné tort. En abolissant les privilèges, parmi lesquels celui de porter une arme, la Révolution française inaugure le siècle du duel, dont les derniers feux ne s'éteignent qu'après la Seconde Guerre mondiale. Dans un livre solidement informé, François Guillet s'est attaché à comprendre les raisons de cette étrange fortune du combat singulier «au siècle du fer, de la vapeur et des premières armes de destruction massive».
Règles.On connaissait bien sûr les épisodes célèbres, le coup de pistolet d'Émile de Girardin qui tue en 1836 son rival en journalisme Armand Carrel, le duel qui oppose en 1888 le général Boulanger au Président du conseil Charles Floquet, le duel Jean Lorrain-Marcel Proust en 1897 ou encore celui où s'affrontent Jaurès et Déroulède en 1904. On savait aussi que le XIXe siècle avait inventé le roman de cape et d'épée et peuplé notre imaginaire de duellistes fameux : d'Artagnan, Lagardère ou le capitaine Fracasse. Mais l'auteur montre que le phénomène dépasse très largement ces exemples attendus. Environ 500 duels sont attestés chaque année dans la première moitié du siècle, le mouvement se tasse après 1840, mais reprend dans les années 1870.
Les salles d'armes se multiplient, des traités codifient les règles du combat, les rubriques mondaines des journaux s'en font les hérauts complaisants. De nombreuses v