Au début du mois, la direction de France Télévisions annonce à Frédéric Ferney que le Bateau Livre, rendez-vous qu'il anime depuis douze ans sur France 5, est supprimé de la grille de la prochaine rentrée (ce n'était pourtant pas la pire des émissions littéraires). Aussitôt Ferney saute sur sa plume pour se plaindre. auprès de l'Elysée. Sa lettre adressée à «Monsieur le Président et cher Nicolas Sarkozy» - texte enflammé, visionnaire, quasi malrucien - devient rapidement un classique sur le Web. Car voilà un objet singulier dont on ne sait s'il s'agit d'un exercice de pure flagornerie ou d'un grand moment de foutage de gueule.
«Si j'ose vous écrire, c'est que l'enjeu de cette décision dépasse mon cas personnel», commence Ferney. L'enjeu est l'avenir du pays : «La culture qui, en France, forme un lien plus solide que la race ou la religion, est en crise. Le service public doit répondre à cette crise qui menace la démocratie.» Comment ? A quelle heure ? Faut-il venir armé ? Pas la peine car le problème est presque résolu, estime l'animateur : «J'ai aimé votre discours radical sur la nécessaire redéfinition des missions du service public, lors de l'installation de la "Commission Copé".»
C'est vrai qu'il y avait dans le discours du président, le 19 février, un souffle à déchirer les voiles du dernier des radeaux de la Méduse. Extrait : «La télévision publique doit prendre des risques. C'est pourquoi il faut saluer par avance, et les appeler à