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Libération

Kafka, Franz éternel et posthume

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publié le 26 juin 2008 à 4h02

Dans Leçons pour un lièvre mort, le roman de Mario Bellatin dont on a parlé ici la semaine dernière, un personnage traduit Kafka sans connaître l'allemand. C'est à un paradoxe presque du même ordre que sont tenues les éditions Babel quand, pour en finir avec l'intégralité des nouvelles après avoir proposé la retraduction de récits autour de «la Métamorphose» et «A la colonie disciplinaire» en 1997 et 1998, elles publient maintenant Récits posthumes et fragments dans une traduction de Catherine Billmann (qui avait déjà traduit les deux recueils précédents avec Jacques Cellard). A priori, il ne devrait pas y avoir de récits posthumes puisque chacun connaît la directive de Kafka, né en 1883 et mort en 1924, à son ami et futur éditeur Max Brod, via des testaments qui étaient de simples billets, de brûler à sa mort tout texte non paru. C'est la question éthico-littéraire la plus célèbre du monde. (Payot publie les Lettres à Max Brod en même temps qu'une réédition miniature du Journal intime.)

Voici cependant ce qu'a écrit Joachim Unseld (dans Franz Kafka, une vie d'écrivain traduit chez Gallimard en 1984) de cette prétendue trahison de Brod : «C'est ainsi que cette grande décision qu'il dut prendre, selon ses dires, en toute conscience, n'en fut pas une en réalité car il avait lui-même dit à Kafka [.] qu'il ne suivrait jamais de telles directives. Ainsi, la disposition testamentaire prise par Kafka correspondait-elle parfaitement à ce trait qu