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Libération
Critique

Une épingle à décoder

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publié le 26 juin 2008 à 4h02

Electrique comète de la fin des années 70, brève et éructante explosion vestimentaire et musicale, le mouvement punk avait une mission historique : déniaiser la pulsion utopique, pointer les contradictions du peace and love, faire du futur table rase. Objectif rempli, haut la main, puisque, de l'utopie, il ne reste rien et que la révolution du «no future» a enfanté le culte du passé. Le punk lui-même, rangé des voitures, n'est-il pas devenu un souvenir du bon vieux temps ? Une question reste pendante, trente ans plus tard. Une question importante : pourquoi l'épingle à nourrice ? Comment est-on arrivé à un si grand résultat à partir d'une si petite arme ?

Lorsque la réponse se dévoile enfin, aux trois quarts de l'ouvrage, on comprend que la question, si futile qu'elle apparaisse, est en réalité déterminante. Oui, une épingle à nourrice, ce n'est rien, et c'est justement cette capacité de s'approprier le rien, le vide, qui fut la marque de la révolution punk. En quoi Dick Hebdige fait la démonstration que toute sous-culture obéit à un «ordre très strict» et qu'un champ nouveau s'ouvre pour les sciences sociales, le champ des courants, tendances, modes, vogues (vestimentaires) et vagues (musicales) qui agitent la jeunesse occidentale depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Sociologue britannique, Hebdige a publié son essai en 1979 et il y parle des teddy boys, des skinheads, des hippies, du glamrock - riches, chacun, de leurs «significations». Depuis, les so