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Libération
Critique

Michelet, l'Histoire en pente dure

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publié le 3 juillet 2008 à 4h09

Plus les dirigeants sont incultes et priapiques de l'instant, plus ils confondent la morale, leur pouvoir et l'Histoire, utilisée comme hochet supplémentaire à leurs discours - comme pitch. C'est alors qu'en toute occasion ils enfument les citoyens dans les pompes du kitsch historique : moins ils ont de perspectives, plus ils multiplient les lignes de stuc et de fuite. Olivier Frébourg, écrivain et fondateur des éditions des Equateurs, a choisi de leur opposer la légende selon Michelet, l'historien qui fait vraiment vivre et parler les morts, le démiurge qui déteste la norme du récit et les excès du pouvoir personnel.

«Orage et soleil». En décembre 2007, le Frébourg décide de rééditer sur un an, dans une cavalerie de papier légère, populaire, d'un caractère lisible et sans notes, les 17 volumes de l'Histoire de France - selon le découpage effectué par Michelet dans la dernière édition publiée de son vivant, l'édition Lacroix. Il demande à Paul Viallaneix, qui a établi chez Flammarion l'édition critique des oeuvres complètes, d'entreprendre ce travail de guérillero éditorial. Mais Viallaneix a 83 ans. Il n'écrira qu'une préface générale. Pour le gros oeuvre, il contacte Paule Petitier, une jeune historienne de la littérature. Elle est entrée dans Michelet, en khâgne, par la description de la mort de Charlotte Corday : «Au moment où elle monta sur la charrette, où la foule, animée de deux fanatismes contraires, de fureur ou d'admiration, vit sortir de la basse