Alexandre ou Qu'est-ce que la vérité ? est l'un des derniers textes qu'a traduits Claude Riehl avant de nous quitter en 2006. L'oeuvre d'Arno Schmidt est certes une justification suffisante pour que le lecteur apprenne l'allemand, mais avec Claude Riehl sa lecture était devenue plus que lumineuse, on touchait à une fête de l'esprit. Alexandre se déroule en 353 avant J.-C., entre Beroia, aujourd'hui Alep, en Syrie, et Babylone, siège de l'empire d'Alexandre le Grand. Le titre laisserait penser qu'il s'agit d'un dialogue philosophique, mais c'est davantage un chapitre arraché à un roman de formation dans la tradition des Lumières.
Comédiens. Lampon de Samos est un adolescent, élève d'Aristote et admirateur d'Alexandre. Il se rend à Babylone pour rejoindre son oncle Aristodème et tenter d'approcher le souverain. Le récit va suivre la route des caravanes et des oasis avant de descendre l'Euphrate à bord d'une de ces étranges embarcations circulaires par lesquelles transitent marchandises et nouvelles. Lampon n'est pas seul, il fait route avec une troupe de comédiens dont l'une des vedettes, Monika, éveille ses sens.
«Dire que j'étais venu pour voir un héros», constate mélancoliquement le jeune narrateur à la fin d'Alexandre. Tout le récit est la progressive désillusion de l'adolescent. Le maître de l'Asie, le successeur des Achéménides, s'est déclaré l'immortel fils de Zeus. La prosternation a remplacé le dialogue, la loi militaire règne et la ra