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Libération
Critique

Chronique catastrophique

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publié le 10 juillet 2008 à 4h15

Derrière cette Histoire culturelle des catastrophes se profile une question qui guide la réflexion de François Walter : quelles significations les sociétés attribuent-elles aux catastrophes naturelles ? Pendant longtemps a dominé une lecture providentialiste, tout événement important ne pouvant qu'être le fruit d'une intervention divine. Avec une différence entre les protestants et les catholiques : si, pour les premiers, c'est Dieu qui se manifeste dans les errements de la nature, les seconds inversent la perspective et voient dans les catastrophes l'action de forces diaboliques. Jusqu'au XVIIIe siècle, cette lecture religieuse n'est guère contestée et beaucoup de savants de l'époque des Lumières croient encore à cette interprétation des calamités. Pourtant, des changements commencent à apparaître, comme le montre l'exemple des comètes.

Succès des assurances.Interprété depuis longtemps comme un présage divin, le passage des comètes est désacralisé et renvoyé à l'ordre naturel des choses dès la fin du XVIIe siècle dans les fameuses Pensées sur les comètes de Pierre Bayle. L'ambition du siècle qui s'ouvre, à la suite de Pope et de Leibniz, est désormais de concilier explications providentialiste et naturaliste.

L'accent mis sur le premier fait dire à l'abbé Pluche dans son best-seller, le Spectacle de la nature (1735), que les volcans ne sont pas un fléau mais une création de Dieu pour ménager une ouverture aux gaz émis par les entrailles de la terre. L'int