Menu
Libération
Critique

Enculage, façon faux-cul

Article réservé aux abonnés
publié le 21 août 2008 à 4h40

D'abord, en page de titre, il y a ce qualificatif ou ce substantif - disons, cet adjectif substantivé - qui n'est pas innocent et qui fait mouche, évidemment, tant, par goût ou par curiosité (à moins que l'un et l'autre ne soient qu'alibis), on s'obstine à chercher de la littérature dans un texte de cul. Rien de précision sous le titre, mais, en quatrième de couverture, avec la mention de «premier roman», la sollicitation des «jeunes filles modernes» (sic) et de leur «grande fascination» pour diverses sortes de «transgressions». Ainsi le premier item de Pierre Bisiou suggère-t-il l'ambition d'un manifeste vaguement féministe, à la façon dont les magazines «féminins» affichent la sodomie comme pratique sexuelle désormais banalisée chez lesdites «jeunes filles», catégorie floue que Proust le premier déniaisa. A moins que pour l'auteur aussi, il faille un alibi.

Metteur en mots. Entièrement rédigé à la première personne peu singulière d'un narrateur mâle, le récit conte sur quelques jours le huis-clos amoureux d'un couple tout à fait hétérosexuel en son home petit-bourgeois. Le premier problème d'Isabelle, qui tient pourtant le rôle-titre, réside en ce qu'elle ne s'y exprime qu'en brèves répliques, le plus souvent approbatives, dont le metteur en mots est également le souffleur. Le second problème, qui est également celui du lecteur, est que d'Isabelle, l'enculage est consommé dès la fin du premier chapitre, soit au terme de la page 20. Dès lors, ce qui appa