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Libération
Critique

Cauchemars au château français

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publié le 28 août 2008 à 4h46

Hansel et Gretel sont connus des écrivains du monde entier. L'Angleterre a une ambassadrice en principe moins anxiogène : Alice. Et la France ? La France est un vieux château de Barbe bleue. On entre par une porte dérobée. Un personnel fidèle et nombreux s'active dans l'atmosphère bienfaisante des cuisines. L'inquiétude monte avec les étages.

Chaleur. Auteur, il y a dix ans, du Chasseur (traduit chez Actes Sud), où un héros solitaire et énigmatique traquait pour le tuer le dernier tigre de Tasmanie, l'Australienne Julia Leigh (née en 1970) a bénéficié du «Programme Rolex de mentorat artistique» : ainsi, en 2003, après avoir vécu en France, a-t-elle travaillé aux Etats-Unis auprès de son mentor, la prix Nobel Toni Morrison. Son deuxième roman, Ailleurs, était alors en route. Cent pages de prose sèche, glaciale, secouée d'obscénités imperturbables. La chaleur ne reviendra qu'à la fin.

La femme, le garçon, la petite fille, Grand-Mère : les prénoms existent mais ne sont pas utilisés. Grand-Mère, qui vit dans un château français, voit débarquer la femme (sa fille, mal mariée), avec les deux enfants, en provenance des antipodes. Dans l'ordre d'entrée en scène, viennent ensuite Marcus et Sophie, les seuls à être réduits à l'énoncé de leur prénom. Frère et belle-soeur de la femme, ils sont encombrés d'un sinistre fardeau. Très perturbant. C'est «le paquet». Sophie ne s'en sépare pas.

Il y avait déjà un frère et une soeur, avec leur mère, abandonnés à eux-mêmes, dan