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Libération
Critique

La révolution censurée de Boris Jitkov

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publié le 28 août 2008 à 4h46

C'est un roman stupéfiant étonnamment parvenu jusqu'à nous, une saga russe du début du XXe siècle traduite en français soixante-quatorze ans après avoir été achevée et moins de dix ans après son unique publication dans sa langue originelle.

Né dans une famille juive en 1882, Boris Jitkov est chimiste et marin avant de devenir un auteur culte pour la jeunesse soviétique. Viktor Vavitch, qui fait la part belle sur plus de 700 pages à la révolution manquée de 1905 et aux petitesses de ses protagonistes, n'est donc pas dans son registre habituel. Le roman, écrit de 1929 à 1934, n'est toujours pas paru à sa mort survenue en 1938. En 1941, cependant, ses amis obtiennent le droit de publication avant que la censure stalinienne ne se ravise et ne fasse détruire tous les exemplaires, à l'exception de douze que conserve l'imprimeur et d'un qui parvient curieusement à la bibliothèque Lénine. A la chute de l'URSS, ainsi que le racontent les traducteurs Anne Coldefy- Faucard et Jacques Catteau dans leur préface, il y a d'autre urgence que publier un auteur que son succès dans la littérature pour les enfants et adolescents interdit de considérer comme un dissident au sens devenu traditionnel du terme. C'est en 1999 que Viktor Vavitch paraît enfin en Russie. La première édition (3 000 exemplaires) est vite épuisée mais il n'y en a pas de suivante, tel est le marché du livre en Russie. Aujourd'hui, le livre est donc traduit en français.

Viktor Vavitch est sans doute le personnag