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Libération
Critique

Pourquoi le Bénin

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publié le 28 août 2008 à 4h46

Un mot caractérise bien l'état d'esprit des personnages d'Anne-Constance Vigier : «le désagrément». L'ennui d'avoir épousé un mari violoniste pourrissait la vie de l'héroïne exaspérée d'Entre mes mains, pour la plus grande joie des lecteurs. Un humour inénarrable agite l'écriture de la Réconciliation, sans excès, sans aller jusqu'à la ratiocination des grands monologues obsessionnels.

Une femme divorcée, seule avec ses jumeaux qui viennent de partir pour le lycée. Malgré linge et vaisselle sales, il lui faudrait se mettre sans tarder à la traduction qu'on lui a confiée, un livre de «Gregorio Duque Clavel (Guatemala, 1960)», écrivain inconnu de Google. Elle campe dans la salle de séjour, ne disposant pas de la «chambre à soi» que «préconisait Virginia Woolf avec une insouciance, un manque de prise en considération des contingences matérielles qui m'indignait de plus en plus».

La journée commençant mal, elle attend «le prochain désagrément». Ce sera un coup de téléphone. Sa mère lui demande d'accueillir son père une semaine, le temps qu'il consulte le Pr Bronski, cancérologue, à l'hôpital qui se trouve sous ses fenêtres. Ce père est l'homme qu'elle hait le plus au monde.

Ce n'est pas qu'Anne-Constance Vigier tente de nous distraire en se moquant de l'hôpital et de la charité, mais les détails incongrus se rangent sous sa plume comme de la limaille. La «petite biopsie» demandée par le médecin provoque un aparté sur les adjectifs infantili