récit
Nick Mcdonell Guerre à Harvard Traduit de l'américain par Samuel Sfez. Flammarion, 96 pp., 12 euros.
«A l'heure où j'écris ces lignes, personne de Harvard n'est mort en Irak.» La guerre vue depuis l'université, quand on est étudiant, c'est un malaise, un vide des actions quotidiennes. Construit comme une suite de portraits symboliques, tel celui de Quinn qui, après avoir rempli un sac de billes en polystyrène, s'en fait un radeau sur la rivière et se laisse dériver jusqu'à la nuit, le livre conclut sur le mémorial et la construction de l'histoire : «Il n'y aura pas de Jugement dernier, pas de procès pour crimes de guerre, et, si cette guerre se termine un jour, celles que nous menons les uns contre les autres et nos guerres intérieures ne finiront jamais. Tout ce qu'il y aura, c'est une remise des diplômes, pour chaque génération.» É.Lo.
roman
Dominique Jamet Un traître Flammarion, 396 pp., 20 euros.
Pour ne pas faire de peine à sa mère, restée veuve, le jeune Jean Deleau, sorti de HEC, refuse en 1942 l'affectation de la Banque de France. Plutôt que de partir dans le Nord, il reste sur les bords de Loire, plus doux, plus prometteurs, où les Allemands lui proposent un poste à responsabilités dans le SD, ce qu'on a appelé «la Gestapo française», manière d'en désigner les méthodes. Deux ans avant, il a été interprète à la Kommandantur. Il est bilingue. Il le doit à une grand-mère allemande et une jolie cousine badoise : «Une autre mémoire concurrence sa mémoire française.