Romans
Ian Mcewan Sur la plage de Chesil Traduit de l'anglais par France Camus- Pichon. Gallimard, 152 pp., 16,90 euros.
Chaque roman de Ian McEwan est un tour de force. Rien ne lui résiste, il excelle en tout, format court, longue distance, personnages masculins ou féminins, incursion dans l'actualité la plus brûlante (voir Samedi, son précédent livre) ou remontée dans le temps. Sur la plage de Chesil met en scène deux jeunes gens, en 1962, le soir de leur nuit de noces, au bord de la mer, le dîner n'en finit pas, ils en savent assez peu sur ce qui les attend. Pour l'un comme l'autre, il s'agit d'«une redoutable épreuve». La différence est que lui a hâte de l'affronter, tandis qu'elle y songe avec effroi. Ils sont vierges. Le récit est l'analyse de tous les facteurs historiques, sociologiques et personnels qui pèsent sur eux, sur ce tournant dans leur vie, si délicat à négocier. «C'était encore l'époque - elle se terminerait vers la fin de cette illustre décennie - où le fait d'être jeune représentait un handicap social, une preuve d'insignifiance, une maladie vaguement honteuse dont le mariage était le premier remède.» Ian McEwan retarde le moment crucial pendant les deux tiers de l'ouvrage. Il raconte Oxford, Londres, la politique, les manifestations contre la bombe atomique. Il retrace le cheminement des mariés. Florence, violoniste, est la fille d'un chef d'entreprise fortuné et d'une philosophe. Edward, né en 1940, brillant étudiant en histoir