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Libération
Critique

Le bol d'air de Holder

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publié le 11 septembre 2008 à 4h58

Il existe plusieurs Eric Holder, au moins deux, que l'on voit vivre dans son dernier livre, De loin on dirait une île. Le Holder à musette et le Holder à moto. Le Holder à musette aime se promener dans la campagne, chantourner des phrases sur la nature et peindre sa vie comme un paradis post-baba. Le Holder à moto, avec son blouson de cuir, aime prendre des risques, se met en scène dans des situations embarrassantes et fait sentir qu'il pourrait être quelqu'un d'autre qu'un «écrivain sensible» qui écrit de «jolis livres». On sent avec ce récit sur son installation dans le Médoc que le Holder à moto est prêt à prendre le pas sur l'autre. Ce serait une bonne nouvelle tant son dernier roman, la Baïne (Seuil, 2007), avec son bovarisme de série télé, nous laissa sur notre faim.

Western. De loin on dirait une île se passe donc dans le Médoc, l'écrivain raconte comment c'est difficile de trouver sa place là-bas. Il faut se méfier des Girondins. Ils ont par leur accent un faux air de gens du Sud, mais ils sont quand même les plus septentrionaux des Occitans. L'étranger doit y faire ses preuves, très, très lentement.

En attendant, l'étranger attrape «la médoquine», fièvre qui rend un peu fou. L'étranger, dans les bistrots où Holder aime traîner, doit se faire accepter doucement et ne pas la jouer don Juan de sous-préfecture. L'étranger doit se faire des amis sans tapage et ne pas tomber amoureux de toutes les jolies Médoquines qu'il rencontre. Ces pages-là sont épa