Romans
Pierre Mérot Arkansas Robert Laffont, 356 pp., 20 euros.
Ce n'est pas tant Houellebecq qui fatigue, que ses fans. Ceux qui, comme ceux de Guy Debord en leur temps, commencent toutes leurs phrases par «Oui, mais Houellebecq écrit que.». Or, on a le droit de ne rien penser de Houellebecq, de ne le trouver ni indispensable ni nul, de n'avoir aucune fascination pour lui. Mais la dictature de l'opinion exige de tout Français, un jour ou l'autre, qu'il se prononce pour ou contre. C'est exactement dans ce piège que tombe le nouveau roman de Pierre Mérot, portrait grinçant de Houellebecq sous le nom de Kurtz. «"Le rêve n'est pas le gardien du sommeil, pensa-t-il. Pauvre Freud, pauvre con juif, péremptoire et optimiste, le rêve est la noria éternelle de notre souffrance !" La chambre sentait la sueur, le foie malade, l'odeur grasse et sucrée des vieux et des morts. Il revit la nuit avec lassitude. Patricia l'avait sucé mécaniquement pendant cinq longues minutes, sans résultat. Il avait ensuite enculé cette grosse conne.» Ou plutôt Kurtz est un personnage houellebecquien, raciste, misogyne, par une sorte de mimétisme stylistique dont on ne croit guère qu'il soit un commentaire volontaire de la duplicité de l'auteur des Particules élémentaires. Et cette histoire de rêve tombe bien, car le narrateur s'appelle Traum (rêve, en allemand) et que, écrivain raté, il est présenté comme une sorte de rival mesquin de Kurtz, ce qui est supposé minorer la charge de la caricature. Sans y réus