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Libération

Eugène Green, un Ancien toujours vert

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publié le 18 septembre 2008 à 5h03

Le français est la grande affaire d'Eugène Green, né en 1947 à New York, maintenant romancier avec la Reconstruction. Metteur en scène de théâtre, il a renouvelé les pièces classiques (Corneille, Racine) en prétendant les représenter telles qu'elles le furent à l'origine : alors que les comédiens sont presque immobiles, les vers sont déclamés dans une prononciation fidèle au français du XVIIe siècle. Le tout donne un spectacle étonnamment réjouissant et permet de comprendre le succès populaire qu'ont eu en leur temps Racine et Corneille, avant d'être des icônes culturelles. Réalisateur de cinéma (Toutes les nuits, le Monde vivant, le Pont des Arts), il sait à la fois reconstituer Mai 68 - évoqué aussi à contre-courant dans le roman - avec juste quatre-cinq figurants et faire faire toutes les liaisons à ses acteurs à l'allure bressonienne, la langue elle-même créant une distance à l'image. Avec son premier roman, où il a aussi un usage de la virgule excessif par rapport aux conventions contemporaines, il reprend sa place dans une éternelle querelle des Anciens et des Modernes, se moquant de ceux qui croient que pour être moderne il suffit de ne pas être ancien.

Ce n'est pourtant pas tant le français que l'Europe entière qui est au centre de la Reconstruction. Le héros de ce premier roman est un professeur de littérature continentale à la Sorbonne, dont les collègues sont avides de l'air du temps. Cela donne une scène de pure satire où les aut