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Libération
Critique

Fan Wu, le coeur qui tangue

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publié le 18 septembre 2008 à 5h04

La vie étudiante à Canton, au début des années 90. Chen Ming, 17 ans, partage sa chambre de huit mètres carrés avec trois autres filles et quelques rats, visiteurs de passage. Au centre du récit, son amitié passionnée pour Miao Yan, 24 ans : l'association de l'innocence et de la perdition. Choc de leur première rencontre, sur le toit de la résidence, où Ming répète son violon, où Yan fume des américaines. Yan, très vamp : «Regarde-toi ! Au mieux, tu dois être en deuxième année : anxieuse, prétentieuse, moralisatrice, je te verrais bien en licence de lettres !» Ming, qui, de fait, a appris l'amour dans les Hauts de Hurlevent et cherche le sens de sa vie dans Ulysse de Joyce : «Et toi, alors ! Cynique, matérialiste, toujours la cigarette au bec, tu dois être en dernière année. Comment ça se passe, ta recherche de boulot ? Ça ne doit pas être marrant.» Innocente, mais pas idiote.

Bousculée par son aînée, Ming a le coeur qui tangue. Une si jolie robe est le roman, classique, de son apprentissage et de ses élans saphiques. En matière de sexe, n'ayant pas trouvé dans les livres les renseignements souhaités, elle attend de Yan qu'elle l'informe : «Quand elle m'avait confié qu'elle avait perdu sa virginité à 15 ans, j'avais essayé de savoir ce qu'elle entendait par là.» Ming sait qu'on ne tombe pas enceinte en embrassant un garçon, mais après? Ses camarades de chambrée, sauf exception, semblent guère plus avancées. L'une d'elles adore l'Amant de Marguerite Duras : «C'est