Le recours à la violence physique est en constant recul en Europe occidentale depuis la fin du Moyen Age, malgré une légère remontée depuis les années 60. Norbert Elias, dans deux livres célèbres, expliquait cette spectaculaire évolution en évoquant un processus de «civilisation des moeurs» et de monopolisation de la violence par l'Etat. Explication éclairante mais pas entièrement satisfaisante selon Robert Muchembled, qui insiste sur la transformation radicale, entre 1300 et 2000, de la culture de la violence, qui passe du statut de «langage collectif normal producteur de lien social» à celui de tabou majeur. Surtout, il souligne la forte permanence dans l'identité des auteurs d'homicides : très peu de femmes (autour de 10 %) mais beaucoup de jeunes hommes entre 20 et 30 ans, c'est-à-dire des jeunes cherchant à s'insérer dans la société des adultes.
Fêtes.L'hypothèse de l'auteur est que la violence homicide est liée aux mécanismes de remplacement des générations. Les adultes installés s'efforcent de tenir les célibataires mâles à l'écart de la société, afin de retarder le moment où ils prendront leur place. La violence juvénile résulte de cette tension et de la concurrence exacerbée qu'elle provoque. En échange du fait qu'ils acceptent une longue et pesante attente, en particulier pour accéder au marché matrimonial, les jeunes ont obtenu le droit d'exercer une violence plus ou moins ritualisée, mais parfois mortelle. Une preuve de cette permission tacite est la