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Libération
Interview

Le jour où la Chine sombra

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publié le 18 septembre 2008 à 5h04

Après Nouilles chinoises, Ma Jian s'est emparé des événements de Tiananmen en 1989 pour livrer une vision chorale d'une société chinoise prisonnière d'un passé violent. Ce roman d'apprentissage porté par un souffle épique et des éclats poétiques campe l'histoire d'un jeune chef du mouvement plongé dans le coma à la suite des massacres du printemps. Avec ironie et lucidité, l'auteur chinois signe un grand récit sur des années de fureur où persiste une entêtante voix libre. Rencontre à Paris avec Ma Jian.

«J'ai commencé à écrire ce livre il y a dix ans, sans cesser de m'interroger sur la signification des massacres de Tiananmen en 1989. Il s'agit d'un moment clé dans l'histoire chinoise, qui a marqué une rupture. Ces événements ont été enterrés, les Chinois sont devenus incapables d'affronter cette vérité. Je vivais alors en semi-exil à Hongkong [le territoire a été rétrocédé à la Chine par la Grande-Bretagne en 1997, ndlr], il était inimaginable de voir ces courageux, et pas seulement des étudiants, se lever et débattre des possibilités de développement qui s'offraient à la Chine. Je suis vite rentré à Pékin, où mes livres venaient d'être bannis, pour observer et noter méthodiquement ce qui se passait dans cette poche de liberté qu'était Tiananmen pendant ces semaines incroyables.

«Quelques jours avant les massacres, mon frère a été victime d'un accident, puis il a sombré dans le coma. Cette tragédie personnelle, cette vie qui persistait dans le coma, m'a alors se