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Libération

Miserere, à cran et à cri

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publié le 18 septembre 2008 à 5h03

Que serait Jean-Christophe Grangé sans ses sourcils ? On se demande parfois, tant les circonflexes qui surplombent le regard clair de la star du thriller français sont devenus un argument de vente (avec sa réputation, genre moine-soldat chevillé à l'ordi nuit et jour, 365 jours par an). Voyez Miserere, son septième roman : si la couverture affiche une intrigante scène bleutée (une photo «d'après Christ soutenu par trois anges d'Antonello da Messina»), la quatrième de couverture propose en noir et blanc un zoom pixellisé sur le visage de l'écrivain, avec cette ligne noire luciférienne pour axe. Et là-dessus, en lettres rouges (Grangé écrirait «de sang»), ce texte incantatoire : «Ce sont des enfants. / Ils ont la pureté des diamants les plus parfaits. /Aucune ombre. / Aucune inclusion. / Aucune faille. / Mais leur pureté est celle du mal.» Brrrrrr. Quel lecteur résistera à ça, qui n'est pas déjà en train de bouffer la couette sous laquelle tout être normalement constitué court se réfugier dès qu'il a un Grangé en main ? Car Grangé, c'est synonyme de glagla assuré, de trouillomètre à zéro, c'est en tout cas ce que les chiffres suggèrent : depuis les Rivières pourpres, son deuxième livre (1998), l'ex-pubard tourne à une moyenne de 600 000 exemplaires vendus (tous formats confondus), ce qui doit correspondre à un indice de satisfaction assez élevé (Grangé cartonne aussi à l'étranger, traduit dans trente pays).

Efficace, c'est la qualité systémati