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Libération
Critique

Sang contaminé, les racines du scandale

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publié le 18 septembre 2008 à 5h03

Laurence Lacour est une journaliste atypique, une enquêtrice hors pair. Sérieuse, austère, elle aime revenir après coup sur le terrain. Ainsi, en 1993, elle publiait le Bûcher des innocents,sur l'affaire du petit Grégory, retrouvé noyé en octobre 1984 dans la Vologne. Elle y disséquait cet infanticide, mais surtout le traitement qu'en avaient fait les médias, avec la guerre impitoyable que se sont livrés alors certains d'entre eux dans une recherche au scoop qui a ouvert la voie à tous les dérapages. Après ? Elle a un peu disparu, s'est laissé porter à un récit personnel sur le pèlerinage à Compostelle. Et voilà que, en cette rentrée, elle revient avec un ouvrage de plus de 600 pages, premier volet d'une histoire du sang contaminé. En septembre 2009, un autre suivra, que l'on peut supposer aussi énorme. Diantre. Plus de 1 000 pages, après que des milliers d'articles ont déjà été publiés sur cette affaire devenue scandale d'Etat.

Transfusions.Disons le franchement, on ne s'est pas jeté sur le livre, tant une certaine lassitude guette. Que dire de plus ? N'a-t-on pas déjà tout lu, tout entendu ? N'y a-t-il pas eu un long procès, deux interminables instructions judiciaires, et plus d'une trentaine de livres parus sur le sujet ? Une gêne d'autant plus forte que ce premier tome s'arrête fin 1983, c'est-à-dire au moment où le virus du sida vient d'être isolé par une équipe de l'Institut Pasteur : l'affaire du sang contaminé n'a alors pas encore commencé. Ce sont les années 8