Dans toute histoire de famille, et il faut aimer les histoires de famille pour apprécier Vienna, il y a des objets. Il est possible que ce roman soit l'album de la famille Menasse, célèbre pour le fils, Robert, romancier autrichien important, né en 1954, traduit en France chez Verdier, et pour la fille, Eva, journaliste désormais écrivain, née en 1970, mais peut-être célèbre aussi pour le père, joueur de football, si on en croit Vienna. Quoi qu'il en soit de la vérité, il y a le manteau d'astrakan de Mamie Frida, le tapis de tante Gustl, et la coupe de championnat de fléchettes remportée par Uncle Tom, qui n'est l'oncle de personne.
Echantillon. Que vient faire la coupe de championnat d'un fermier anglais alcoolique dans une famille juive de Vienne ? Le futur joueur de foot l'a dans son sac lorsqu'il retrouve ses parents après la guerre. Il a du mal à les reconnaître, ne sait plus l'allemand. Il doit à un concierge de ne pas devenir tourneur dans une usine, mais employé dans une société de cinéma étrangère, et footballeur. «A propos du concierge, mon oncle dit : "Il venait juste de revenir." "Un concierge juif?" s'enquit mon frère, sceptique.» Vienna raconte comment se forment les histoires dans une famille, et comment la famille les raconte, d'où cet échantillon de commentaires en plein milieu d'un des plus beaux épisodes. «"A-t-on jamais vu un tourneur juif?"avait dit le concierge. A ce signal, ma famille hurlait ravie en choeur ; c'était la fameuse phras