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Libération
Critique

L'économie de Dieu et les anges du marché

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Essais Généalogie. Agamben remonte aux origines de la «main invisible».
publié le 25 septembre 2008 à 22h30
(mis à jour le 25 septembre 2008 à 22h30)

La «main invisible» est la métaphore libérale par excellence. Elle apparaît sous la plume d'Adam Smith, en 1776, pour décrire l'avènement du capitalisme, ce monde industriel et industrieux où chacun s'affaire en quête d'un supplément d'argent. Smith prend l'exemple du boulanger : s'il cuit et vend du pain, ce n'est pas par bienveillance envers ses frères humains, c'est pour s'enrichir ; mais, ce faisant, il subvient aux besoins alimentaires du village et, dès lors, le bien-être de toute la collectivité en est amélioré. Transformer le vice en vertu, tel est l'effet de la concurrence, l'impact de la «main invisible». Toutes les privatisations futures y puiseront leur justification : ainsi transformée en une loi naturelle, comparable aux décrets divins qui régulent la nature, la loi du marché ne saurait plus être discutée. Défile-t-on contre la gravitation universelle ?

Hibernation. Le Règne et la Gloire est une vaste enquête théologique qui, plongeant dans les textes des pères de l'Eglise, retrace l'évolution de la notion d'oikonomia. La plus grande partie de l'ouvrage est consacrée à la description de l'oikonomia comme concept théologique élaboré par les premiers pères de l'Eglise pour désigner la façon dont Dieu se manifeste aux hommes et entre en contact avec eux, par opposition à sa substance purement divine, à jamais inaccessible. On est loin de la crise des subprimes. Mais lorsqu'après une longue hibernation le mot ressuscite pour devenir «l