Bien qu'il soit parfois trop sucré et même s'il n'exige aucune pitié particulière, le lecteur ne mérite pas d'être trompé sur la marchandise : Un brillant avenir n'est pas un roman français écrit par un écrivain français de sexe féminin, mais un best-seller américain écrit par une firme aux noms d'auteurs multiples, ici Cusset, employant des méthodes de scénario efficaces quoique grossières, et qu'une main naturellement invisible, celle du Marché, a finalement traduit en français. Ce n'est pas davantage un délicat roman psychologique et familial sur le thème «transmission entre femmes et choc des cultures», publié dans la collection blanche, mais un épisode international de la série Harlequin. Pris pour ce qu'il est, le livre de Catherine Cusset peut être considéré comme une réussite. Il l'est d'autant plus qu'on ne cesse de rappeler dans la presse que l'auteur vit en Amérique, comme une héroïne, renvoyant implicitement la France au statut de cousine littéraire de province.
La construction en abyme et à suspense ; la manière d'objectiver la conscience des personnages à l'aide de phrases courtes, au présent quand c'est le présent (américain), à l'imparfait quand c'est le passé (roumain puis israélien), phrases sans ombre destinées à être comprises sur le champ par la plus conne des lanternes rouges ; la fabrique de situations faites pour amener leur quota de petits faits vrais sur les personnages qui les vivent ; tout cela relève du best-seller charpenté. La sentimental