C'est de l'histoire récente mais qui peut sembler antédiluvienne aux jeunes générations. «Pourtant, on l'oublie trop facilement, il y a trente ans, émettre sur la bande FM quasi vierge était un délit. Ceux qui s'y risquaient étaient passibles d'un mois à un an d'emprisonnement, et encouraient entre 10 000 et 100 000 francs d'amende», rappelle Thierry Lefebvre, universitaire et historien des médias. Les radios libres ne l'ont pas toujours été. C'est cette saga que conte l'auteur par le menu, avec tendresse pour son sujet. C'était l'époque des bidouilleurs, des pirates des ondes, des émetteurs rapportés d'Italie qui ne diffusaient guère au-delà du quartier, des déménagements à la cloche pour éviter de se faire piquer le matériel, des occupations de toits, des brouillages de TDF (Télédiffusion de France) qui veillait scrupuleusement au monopole étatique… Il y avait alors sept stations légales en France.
Territoire vierge. Le récit part de la fin 1974, au moment de la création de la revue Interférences par Antoine Lefébure et Jean-Luc Couron, qui lance les fondements théoriques des radios libres. Elle s'arrête une petite poignée d'années plus tard, au 17 mai 1981, peu après l'élection de François Mitterrand. Au début de cette période, il faut imaginer la bande FM comme un territoire quasiment vierge. A l'occasion d'une semaine de l'écologie antinucléaire, Lefébure décide de lancer Radio Active, qui doit émettre de la tour centrale de Jussieu. L'