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Libération
Critique

BHL-Houellebecq. Le duo des bêtes noires

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publié le 1er octobre 2008 à 7h03
(mis à jour le 1er octobre 2008 à 7h03)

Première surprise à la lecture d’Ennemis publics, l’ouvrage commun que publient Michel Houellebecq et Bernard-Henri Lévy : le tandem est bon. Il n’y a pas là le poète et l’idéologue, mais deux voix d’écrivains, à forces égales. Dans des genres différents, évidemment : Houellebecq, aussi gai qu’un violoncelle, a son ton habituel, net, précis, un peu moins ironique et paradoxal, peut-être, qu’il ne l’est d’ordinaire ; Bernard-Henri Lévy (1) a le verbe haut, rythmé, emphatique. Ce sont les tambours du tribun, le panache, même lorsqu’il se risque aux confidences.

Cette correspondance révèle une vanité qu'on ne pensait pas aussi irréversible. Ils se vivent réellement l'un et l'autre comme des ennemis publics. Ils ne doutent pas d'être «les principales têtes de Turc de notre époque en France» (Houellebecq). «Pourquoi tant de haine ?» (BHL). Et d'invoquer, carrément, les mânes de Baudelaire, ou, sans rire, «le cas de Sartre, vomi par ses contemporains». On ne peut pourtant pas dire que nos deux auteurs maudits manquent d'endroits où s'exprimer, d'argent pour travailler et de soutien éditorial.

«Paranoïa». Ennemis publics bénéficie d'un lancement comme on en fait peu : énorme tirage initial, identité des signataires conservée secrète, contenu du texte gardé sous le boisseau, stress des médias en quête d'exclusivité, tant et si bien qu'on n'attend pas la sortie (prévue le 8 octobre) pour parler de leur échange de mails élevé au