Avec une ironie mordante il pourfend livre après livre l'illusion lyrique, le sentimentalisme et les certitudes de l'engagement. Est-ce pour exorciser les errements de sa jeunesse militante ? Le célèbre écrivain tchèque Milan Kundera, 79 ans, auteur notamment de la Plaisanterie et de l'Insoutenable Légèreté de l'être, aurait collaboré au moins une fois avec la police secrète communiste. Publié par le très sérieux magazine tchèque Respekt dans son édition de lundi, un rapport de police de mars 1950 (lire ci-dessous) fait état d'une déposition du futur romancier alors simple étudiant : «Aujourd'hui vers 16 heures, un étudiant Milan Kundera s'est présenté dans ce département…» Il y racontait qu'une étudiante devait rencontrer un certain Miroslav Dvoracek, 21 ans. Celui-ci fut arrêté, puis condamné pour espionnage à vingt-deux ans de prison et de travail forcé dans les mines d'uranium. Ce document a été trouvé à l'Institut d'étude des régimes totalitaires qui gère les archives du défunt régime. «On peut considérer la police comme une source crédible quand les documents originaux ont été conservés», a déclaré Jiri Reichl, le porte-parole de l'Institut.
Aubaine. L'information a créé un immense choc, aussi bien en République tchèque qu'en France où le grand romancier vit depuis le départ de son pays en 1975. «Je ne veux pas y croire», résume, ébranlée, une intellectuelle praguoise. Fuyant la presse depuis des ann