«Amsterdam fut, au XVIIe siècle, le laboratoire de notre modernité», lit-on sur le site des éditions Amsterdam. Capitale de l'économie-monde en train de naître, et aussi cœur battant d'une révolution intellectuelle symbolisée par Spinoza et qui, affirmant la raison contre la superstition, la politique contre le religieux, la «puissance d'agir» de chacun contre l'absolutisme d'un seul, enfanta directement les Lumières. Audacieux patronage pour une maison d'édition ; ambitieuse référence, surtout, pour son fondateur, Jérôme Vidal, qui, au moment de se faire à son tour essayiste, rappelle dès les premières pages que Spinoza fut «le grand penseur de la puissance d'agir». Comprendre : par opposition à l'impuissance dont se délecte la gauche française, réformiste ou radicale. C'est avec sa propre famille politique que Vidal, ici, croise le fer. Non par reniement ; au contraire, par engagement.
Antagonisme. Jérôme Vidal, 38 ans, n'est pas universitaire. Il a quitté la fac de philo marqué par les travaux de Pierre Bourdieu et d'Etienne Balibar, mais effaré par l'utilisation de la philo «comme signe de distinction». La publication d'un livre associatif sur la répression de la manifestation du 17 octobre 1961 le conduit à l'idée qu'«éditer n'est pas si difficile que cela». Avec un capital de 70 000 euros (piochés dans son bas de laine et celui de proches), il crée Amsterdam en 2004. Quatre ans plus tard, la maison