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Libération
Critique

La dot d’Astell

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Féminisme. Ecrits britanniques du XVIIe.
publié le 23 octobre 2008 à 6h51
(mis à jour le 23 octobre 2008 à 6h51)

«Qu'[une femme] se voit obligée à tout moment de servir un homme n'est qu'une occupation fortuite, comme peut l'être par exemple pour n'importe quel homme la nécessité et l'obligation de garder des cochons : il n'a pas été fait pour cela.» Le ton est donné, mordant, ironique, mais d'une imparable logique, comme l'est cette remarque qui se rit des contradictions masculines : puisqu'«il serait ridicule de supposer qu'une femme, même avec de l'instruction, puisse approcher le génie supérieur des hommes, alors pourquoi envieraient-ils, pourquoi voudraient-ils nous décourager ?» Et Mary Astell, 27 ans, jusqu'alors plus poétesse que pamphlétaire, de revendiquer une éducation pour les femmes, d'envisager même l'existence d'une sorte de monastère de la culture. On croit identifier une posture féministe du premier XIXe siècle. Il n'en est rien. L'auteure est enfant de ce XVIIe anglais durant lequel la vie des femmes a été «profondément transformée par les conséquences de la guerre civile et de l'intermède républicain».

Astell est tôt confrontée au destin miséreux des femmes sans dot. C’est de cette réalité surtout que naît ce protoféminisme. Il est aussi qualifié de préféminisme par Cottegnies, qui signe une remarquable présentation, indispensable clé pour mesurer le caractère précurseur de cette pensée, tout en en comprenant les limites qui valurent à son auteure, après la renommée de son vivant, de tomber dans l’oubli.

Si l'audace prév