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Libération
Interview

Szendy, dis-moi ouïe

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Rencontre. Le philosophe de l’écoute se penche sur les tubes musicaux qui lavent et nettoient le cerveau.
publié le 23 octobre 2008 à 6h51
(mis à jour le 23 octobre 2008 à 6h51)

Peter Szendy Tubes. La philosophie dans le juke-box Minuit, «Paradoxe», 96 pp., 13 euros.

Dans la famille philosophie, je demande le rockeur. Il n'est plus si rare depuis que Richard Pinhas a fait chanter Deleuze et que la «ritournelle» valse sur toutes les scènes alternatives. Mais Peter Szendy, 42 ans, maître de conférences à Nanterre, ne se sert justement pas de Deleuze pour interroger les Stones ou Daft Punk. Il n'est pas estampillé «fresh» ni «pop» philosophie. Et il nargue même le dernier chic théorique en cocuant Gainsbourg et Pink Floyd avec Eddy Mitchell et (ouiiii c'est bon) Dalida, qu'il mêle allègrement à Liszt ou Berg.

Depuis Ecoute en 2001, la plupart des essais de Szendy font «l'archéologie de nos écoutes musicales», voire de «nos oreilles». La philosophie de l'art avait beaucoup interrogé le regard. Il était temps de désensabler à leur tour les portugaises de cette métaphore papillaire généralisée du «goût» qui hante l'esthétique et de voir comment chaque oreille en contient une autre. Après Sur Ecoute, une «esthétique de l'espionnage» où, de Monteverdi à Derrida ou Brian De Palma, se creuse tel un terrier secret une «taupologie de l'ouïe», voici Tubes, qui interroge la rengaine, la scie ou, comme disent les Anglais et les Allemands, le «ver d'oreille». Par exemple, quand on a la Danse des canards qui siphonne le cerveau et que le seul moyen de l'en chasser est de la remplacer par une boucle pire, g