Le Roi de cœur raconte une histoire de survie. Ou plutôt non, ce serait plus juste de dire «il raconte une obsession», l'obsession d'Izolda, une jeune Polonaise de Varsovie qui, pendant toute la guerre, n'a qu'une idée : sauver son mari. Que quelques autres (parents, amis et voisins) soient sauvés au passage, tant mieux, en fait, elle s'en fiche. Elle-même ne survit (au ghetto, au typhus, aux tortures) que pour s'assurer que Shayek reste vivant. Chaque jour de survie est comme un nouveau problème à résoudre : comment échapper à l'épidémie de typhus, comment utiliser les restes de pain rassis, comment éviter les rafles, comment faire confiance quand se tromper signifie mourir à coup sûr. Survivre, c'est se tenir à distance des autres juifs, ceux qui ont un mauvais physique, qui sont circoncis ou qui parlent mal le polonais. C'est aussi se tenir à distance des passants compatissants, si l'un dit «"Oh mon dieu quel malheur", ils sont saisis de peur… Mais si quelqu'un dit : "Eh bah, ces youpins sont en train de cramer", ils se sentent rassurés car la personne les prend pour un des siens». Hanna Krall décrit la jeunesse et l'obstination d'Izolda, son amour absolu pour Shayek. Miraculeusement, ils sont sauvés à plusieurs reprises, par M. Bolek qui les fait sortir du ghetto par les égouts, par la femme qui prépare des boulettes de pommes de terre. Shayek va quand même dans un camp, elle aussi.
Gants. A la fin de la guerre, quand i