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Critique

Martinet vol brisé

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Préférence. Réédition de trois ouvrages majeurs de l’écrivain des bords de la Dordogne, mort en 1993. Un météorite à redécouvrir.
publié le 7 novembre 2008 à 6h51
(mis à jour le 7 novembre 2008 à 6h51)

A Libourne, en Gironde, où il est né en 1944, qu’évoque le nom de Jean-Pierre Martinet ? Peut-être le château Martinet, un grand cru saint-émilion. Rien à voir. Jean-Pierre Martinet était un grand buveur de bière. Il est mort dans cette bastide portuaire en 1993, hémiplégique, rongé par l’alcool. Il n’a pas sa rue à Libourne, qui n’a pourtant pas tellement d’autres écrivains. Qui voudrait nommer une rue du nom de Céline ou de Bernanos ? Jean-Pierre Martinet est de ces cépages-là. Du premier, il a le style, du second l’emportement salutaire et sombre. Ecrivain de l’errance, de la mort et du degré alcoolique, Dostoïevski des bords de la Dordogne qui, après des études de lettres et de cinéma travailla à l’ORTF et fit divers métiers - dont critique et kiosquier -, cet écrivain d’une exigence extrême ne connut de son vivant que la reconnaissance d’un petit groupe d’inconditionnels.

Géant obèse. Raison de plus pour se réjouir. Cet automne voit la réédition de trois de ses ouvrages majeurs : Jérôme chez l'excellent éditeur bordelais Finitude, Ceux qui n'en mènent pas large au Dilettante et l'Ombre des forêts à La Table Ronde. A leur lecture, on s'aperçoit combien Martinet a construit une œuvre riche et homogène. Un univers unique. Jérôme fut édité pour la première fois en 1978 aux éditions du Sagittaire grâce à Gérard Guégan et Raphaël Sorin. On comprend aisément pourquoi ils ont défendu ce livre monstre qui ne trouvait pas d'éditeur. Le héros, Jér