Arno Bertina fait tantôt du très bon micro-ondes (comme avec Anima motrix) et tantôt il cuit ses textes au four traditionnel. On préfère : ça refroidit moins vite, c'est doré dehors et moelleux dedans. Ma solitude s'appelle Brando appartient à ce second type de gastronomie, non moins inventive que la première, mais plus intime, jusqu'à avoir «les parois du cerveau tendues d'un vert qui semble éclairé de l'intérieur, comme s'il était à lui-même sa propre source de lumière, tous les oiseaux que sauva Noé me parlant russe, ou persan, et s'appelant les uns les autres, se précipitant de plus en plus nombreux, convoqués ou rameutés au cœur de la forêt, dans une clairière.»
«Cerveau». La mise en bouche de ce court livre sous-titré «hypothèse biographique» surprend. Les temps semblent se mélanger, on passe du futur au passé, au conditionnel, l'histoire fait marche avant et arrière en même temps : «Lui naît en 1910. Il a un frère aîné, il aura plus tard un frère cadet et une petite sœur.» On ne comprend pas très bien qui est ce «il» (la quatrième de couve indique qu'il s'agit de «l'aïeul» de «l'auteur») ni comment s'intriquent les rapports des personnages mais peu importe, car ils sont finalement tout un et le portrait brossé est d'abord celui d'une famille, ou mieux, d'une mémoire, dont le récit produit la réalité. «Dès que nous jugeons ou décrivons le monde (entre sept et cent deux ans) c'est pour l'