Les vraies raisons ne sont jamais celles qu'on croit. Tamara, l'héroïne d'Orages, est obligée de revenir à Belgrade - alors qu'elle est partie pour un exil sans retour à Paris - à cause de sa forêt. La première fois, elle en hérite d'un grand-oncle qu'elle connaît à peine, et doit signer les papiers chez le notaire. La deuxième fois, elle est sur place afin de la vendre.
Révolte. C'est la forêt qui cache l'arbre de vie. Tamara doit en passer par Belgrade, sinon elle ne trouvera jamais sa place en ce monde. Elle doit aller jusqu'au bout de son amour pour le bel Alexandre, l'étrange Sacha qui l'attrape trop souvent, trop violemment, par la nuque ou par la gorge. Sans quoi elle ne saura jamais qui elle est, ni à quelle histoire elle appartient. Tout est dit en phrases courtes, propulsées par la révolte et par un noir chagrin adolescent qui finira par s'apaiser : «J'ai appris le bonheur. Ma mère avait raison. Ça s'apprend. Mêmequand on n'est pas doué pour.» Mais n'anticipons pas.
Orages commence en 1995, au cœur d'une décennie dont Tamara égrène les monstruosités : le massacre des Tutsis un an auparavant, le siège de Sarajevo, bientôt l'horreur de Srebrenica. Sans oublier, dans la litanie : «En Algérie, on égorgeait pour une mèche qui dépasse, et tout le monde s'en foutait.» Tamara est serbe, «Belgradoise de souche» qui a quitté la ville après la disparition de sa mère. Elle avait 18 ans, sa mère avait attendu qu'elle grandi