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Libération
Interview

Boltanski feu sur la réalité

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Rencontre. Après avoir mis l’accent sur l’analyse des discours, le sociologue veut revenir à une description du réel.
publié le 4 décembre 2008 à 6h51

Le nouvel essai de Luc Boltanski est un ouvrage hybride, à la fois souvenirs de la période bénie des sciences sociales, réflexions sur la reprise en main qui s'en est suivie et ouverture d'une recherche à venir. Les fils épars se nouent au dernier chapitre, lorsque le sociologue s'interroge sur la phrase de Pierre Bourdieu : «La sociologie est un sport de combat.» Cette phrase, commence-t-il, «sonne bizarrement et me met plutôt mal à l'aise». Pourtant, il finit par se l'approprier, à sa façon, parce qu'elle entre en résonance avec sa propre évolution théorique, dont Rendre la réalité inacceptable est la première expression publique. En quarante années de sociologie obstinée, Boltanski a exploré des objets divers : les cadres, la notion de scandale, la souffrance vue à la télévision, la condition de fœtus… Disciple de Bourdieu, il s'en est démarqué au milieu des années 80, lorsqu'il lui était apparu que la pensée bourdieusienne, à trop affirmer que seul le savant peut appréhender les mécanismes de la domination, négligeait la capacité critique des agents sociaux eux-mêmes. A la «sociologie critique», il a proposé de substituer une «sociologie de la critique» qui s'attache aux «épreuves» par lesquelles les individus confirment ou infirment l'ordre social. Une méthode mise en œuvre notamment dans le Nouvel Esprit du capitalisme (lire ci-contre).

«Politesse». Rendre la réalité inacceptable amorce le bilan de cette «he