Y croire ou ne pas y croire n'est pas la question. La voyance est d'abord un phénomène universel, traduction d'une quête humaine de l'ailleurs, du caché, de l'indicible. «Prédire l'avenir, retrouver le passé, dévoiler l'invisible des temps anciens et futurs participent ainsi d'une réalité anthropologique», écrit en préambule Nicole Edelman, professeur à l'université de Paris-X Nanterre, spécialiste de l'histoire de l'occulte au XIXe et XXe. Même dénigrée ou accusée d'irrationalité, la voyance a pour elle une histoire millénaire qui épouse les événements et les désarrois ontologiques. Ce précis imagé de trois siècles part de la résurgence de la voyance avec «la philosophie des Lumières et les révolutions américaines et françaises qui reconfigurent les frontières de la liberté et de l'identité des individus».
Dans son cheminement, l'occultisme a toujours recherché une légitimité. Souvent en profitant des frontières floues entre science et religion, savoir et croyances. Ainsi de l'astrologie avec l'astronomie. Ainsi du «somnambulisme magnétique» apparu en 1784 avec Franz Anton Mesmer, rebaptisé hypnose en 1843, qui entendit élargir le domaine de la science. Ces somnambules «voient des êtres disparus, défunts connus ou inconnus, saints et saintes […]. Visionnaires, ils sont aussi voyants et surtout voyantes car la plupart sont des femmes». Les séances autour du baquet, «cuve censée accumuler l'énergie vitale pour mieux la répartir ens