Dommage que Mizuki, 86 ans, ait déjà reçu le prix du meilleur album à Angoulême (avec NonNonBâ en 2007), sinon on le lui aurait volontiers redonné pour cette Opération Mort,qui raconte sa guerre sur l'île de Rabaul, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, territoire britannique envahi par le Japon en 1942.
Bras. «Les morts n'ont jamais pu raconter leur expérience de la guerre. Moi, je le peux. Lorsque je dessine une bande dessinée sur le sujet, je sens la colère me submerger. Impossible de lutter.» Mizuki, lui, n'a perdu que le bras qui lui servait à dessiner et a survécu à une des «opérations mort» qui donne son titre au livre. Il s'agit tout simplement d'une mission suicide, stratégie employée par l'état-major nippon à la fin de la guerre. L'honneur interdisant de capituler, cela consistait à aller se suicider au combat, en espérant causer quelques pertes à l'ennemi : «Selon moi, le fait d'avoir survécu à une "opération mort" n'est en aucun cas une preuve de lâcheté, comme on le pensait à l'époque, mais au contraire un ultime sursaut de résistance comme l'être humain est capable d'en avoir. Rappelons que, dans la hiérarchie militaire, un simple soldat était moins important qu'un cheval.»
Antimilitariste éprouvé, Mizuki appartient à la nouvelle vague des années 60, groupée autour du magazine Garo et spécialisée dans le gekiga, récit intimiste et expérimental, même s’il est surtout connu pour ses histoires de monstres et Kitaro le repoussant. Il ne faut donc pas att