«Youba a vu le sang», dit sa mère Fatouma lorsque les enseignants l'interrogent sur la violence de son fils. Arrivé du Mali à 9 mois, Youba a 10 ans, il est en CM1. C'est un élève gravement perturbateur. Lors de ses crises, il mord son enseignante, jette ses cahiers et sa trousse, donne des coups de pieds dans son pupitre. A la récré, il lui arrive d'uriner sur ses camarades. Sa mère a subi un mariage arrangé. Elle aurait voulu poursuivre ses études en France, ne pas avoir d'enfant si tôt. Youba sent qu'il n'était pas désiré. Il a aussi vu son père battre sa mère. Depuis, les parents sont séparés. «Youba ou l'enfance escamotée» est l'un des sept cas d'élèves violents exposés par Séverine Fœnix dans son livre les Violences scolaires. «Paul ou la quête du père»,«Bruno ou l'angoisse de la mort»,«Michel ou l'enfant dénigré»… tous apportent à l'école leur mal-être, les problèmes nés à la maison et qui les empêchent de vivre. Et l'école tente vaille que vaille de les soulager.
Imbrication.Psychologue de l'Education nationale, Séverine Fœnix travaille dans le cadre des fameux Rased - les Réseaux d'aide aux enfants en difficultés. La suppression, prévue par le budget 2009, de 3 000 postes de ces enseignants spécialisés est au cœur de la contestation actuelle. La coupe claire concerne les rééducateurs (appelés maîtres E ou G, selon leurs spécialités), les psychologues étant épargnés. Mais Séverine Fœnix montre combien le travail des