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Libération
Critique

Nichon ni mauvais

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publié le 18 décembre 2008 à 6h51

Lanfeust, c'est le diable. Les femmes y ont de gros seins et les hommes pètent en rigolant. En plus, c'est compliqué, et il y a plein de cycles (Gnomes, Trolls et Lanfeust de Troy, devenu des Etoiles, avant de virer de Syxte). Un adulte n'éprouvant par exemple aucune difficulté à lire Ruppert et Mulot est obligé de reprendre trois fois les premières pages pour commencer à suivre l'intrigue. On se sent analphabète devant la syntaxe de Lanfeust : on cherche à identifier les personnages à leurs visages alors que ce sont leurs vêtements qu'il faut repérer, ou bien on écoute de vilains monstres sans comprendre qu'ils sont ventriloqués. Mais, à part ça, ce n'est pas si pire.

Après des années de gémonies et un temps d'adaptation, le néophyte doit avouer que Lanfeust n'est pas l'enfer que peignent les amateurs de BD indépendante, lesquels chient copieusement sur la tête du rouquin crétin depuis quinze ans. Arleston, scénariste et rédac-chef de Lanfeust Mag le leur rend bien : «La plupart de ces auteurs refont, avec plus ou moins de bonheur, des choses qui existaient déjà : ils n'innovent pas autant qu'on le dit. […] Peu d'auteurs alternatifs contemporains me surprennent.» En réalité, ce n'est pas que l'un soit meilleur ou pire que les autres : c'est juste que ce sont deux visions du monde irréconciliables. D'un côté, le réalisme classique de Lanfeust qui se pose comme la seule manière possible de faire de la