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Libération

Chevaux de bataille de Boris Savinkov

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publié le 24 décembre 2008 à 6h52

C'est comme si un personnage des Démons, de Dostoïevski, était devenu un écrivain réel, assoiffé d'action et de morale et incapable d'unir les deux. Né en 1879, Boris Savinkov fut d'abord un terroriste luttant contre le régime tsariste. Après avoir organisé les attentats réussis contre le ministre de l'Intérieur Plehve en 1904 et le grand-duc Serge, gouverneur de Moscou, en 1905, il est arrêté puis s'évade et se réfugie en France de 1906 à 1908, écrivant cette dernière année le Cheval blême, sous-titré Journal d'un terroriste, qui vient de reparaître en poche. «A Paris, Savinkov mène la vie de bohème du Montparnasse de l'époque avec Modigliani, Ehrenbourg, Picasso, Cendrars, Apollinaire - qui le présente comme "notre ami l'assassin"», écrit Michel Niqueux dans sa riche introduction au Cheval blême paru en Russie en 1909. A partir de 1917, c'est contre les bolcheviques que Savinkov mène sa guerre, qu'il raconte dans Cheval noir, paru en 1923 et qui vient d'être traduit. Mais ses hommes sont écrasés, il fuit de nouveau jusqu'en France. Un complot l'amène à retourner en Russie où il est immédiatement arrêté en 1924. Condamné à mort, sa peine est aussitôt commuée en dix ans de réclusion, ce qui est d'une magnanimité suspecte à l'égard d'un tel ennemi de l'URSS. Il est dès lors un propagandiste du communisme et bénéficie «de conditions de détention uniques» (promenades dans Moscou, visite de sa maîtresse, huit heures d'écriture quo