Le 14 décembre 1841, Heine flâne sur les boulevards parisiens. Coca-Cola n’a pas encore inventé le père Noël, mais on offre des étrennes pour la nouvelle année, et «les boutiques des marchands se surpassent par la variété des riches étalages». Il pourrait se laisser aller à la joie de la Wii et à l’abondance «bigarrée», comme il le dit. Sauf que l’adjectif «bigarré» (ou «bariolé») lui sert, à chaque Salon qu’il chronique, durant ces années 1840-1843 pour la Gazette d’Augsbourg, non pas à se réjouir mais à décrire l’ennui des aplats académiques que les bourgeois du juste-milieu favorisent. Au lieu de s’ébaubir, donc, Heine regarde les pauvres bavant aux vitrines et se dit que s’ils se mettaient à tout casser, franchement, ça ne l’étonnerait pas plus que ça : «Les figures de ce public sont si sérieuses, si souffrantes et si laides, si impatientes et si menaçantes qu’elles forment un contraste sinistre avec les objets qu’elles contemplent la bouche béante. Ce contraste est si terrible que parfois la peur nous prend de voir ces hommes lever tout à coup leurs poings crispés pour fracasser tous ces jouets bariolés et étincelants du monde comme il faut, et pour briser pitoyablement et sans merci ce monde comme il faut lui-même !»
Frites.En ce 24 décembre 2008, il faut donc lire «Henri» Heine, de son vrai prénom Harry puis Heinrich (né dans une famille juive, il se convertit au protestantisme en 1825, à l'âge de 28 ans), poète allemand domicilié à Paris, comme un pav