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Libération
Critique

Marre de cette saine vie

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Noël. A. M. Homes redonne le goût de l’aventure à un rentier solitaire de Hollywood.
publié le 24 décembre 2008 à 6h52

Richard Novak a une cinquantaine d’années, il habite Los Angeles et vit des revenus de ses investissements en Bourse. Sa vie est pathologiquement saine : régime établi par une nutritionniste (myrtilles bio, poudre pour les muscles, épinards les jours de fête) et forme physique entretenue par une coach. Il y a aussi la décoratrice hors de prix qui choisit la couleur de ses murs, et la femme de ménage quasi invisible qui tient sa maison. Il commence ses journées sur son tapis de course, les yeux sur l’écran qui donne les cours de la Bourse et sur les oreilles un casque antibruit. Le reste est à l’avenant, il ne se passe pas grand-chose, il ne voit pas grand monde. La femme de ménage jure qu’il n’est pas sorti depuis des semaines, il vérifie dans son agenda : 22 janvier, dentiste ; 27 mars, dîner avec un ami de passage ; 15 avril, théâtre, seul. Un jour, il a une sorte de crise cardiaque, il pense mourir, survit, mais, autour de lui, tout se détraque, le sol s’effondre dans le jardin, la maison est envahie par des fourmis de feu.

Carottes. Le roman de A. M. Homes est l'histoire d'un retour à la vie, la vie à Hollywood, où tout semble plus ou moins sorti d'un film des frères Coen, y compris les situations et les dialogues, le burlesque, le côté onirique et même la violence. Quand le médecin du Samu local débarque, toutes sirènes hurlantes, il commence par se planter devant les toiles accrochées au mur, Rothko, De Kooning. «- Vous êtes médecin ou critique d'art ? - J'ai