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Libération
Critique

Winnicott papy ours

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Doudou. Parution simultanée de deux biographies du pédiatre et psychanalyste anglais.
publié le 24 décembre 2008 à 6h52

F. Robert Rodman Winnicott, sa vie, son oeuvre Traduit de l'américain par Danièle Faugeras et Sonia Hermellin Erès, 538 pp., 28 euros.

Vraiment populaire, il l'est devenu grâce aux Peanuts. Charlie Brown ou Snoopy ne le citent pas expressément, mais il est sûr que l'un des principaux concepts qu'il a élaborés - l'objet transitionnel - trouve sa plus célèbre illustration dans la couverture que Linus traîne toujours avec lui. Curieux destin que celui de Donald Woods Winnicott, dont la pensée est plus connue que le nom, en ce qu'elle a, comme par invisible perfusion, pénétré une large part de la pédiatrie, de la psychanalyse et de la psychologie de l'enfant, inspiré nombre de pratiques cliniques, modifié même le regard qu'on portait sur le bébé et la relation mère-enfant, le rôle du jeu ou des «gribouillages», l'importance, justement, du «doudou». Dès qu'on parle de tout-petits, on «fait du Winnicott» sans le savoir - comme Monsieur Jourdain.

Curieux personnage aussi que ce pédiatre-psychanalyste à la fois classique et hérétique, indépendant en tout cas, un pur créatif, qui ne se réclamait d'aucune école - restant sagement, au sein de la Société psychanalytique anglaise, «entre» le Groupe A (fidèle à Anna Freud) et le Groupe B (fidèle à Melanie Klein) - qui n'a pas créé d'école et qui, «par le jeu de la pensée, de l'imaginaire et de la spéculation», par sa «capacité de porter le regard sur ce que personne auparavant n'avait vu», continue à produire l'effet d'