Menu
Libération

Au grand bazar de l’universel

Article réservé aux abonnés
publié le 31 décembre 2008 à 6h51
(mis à jour le 31 décembre 2008 à 6h51)

Voici le cas intéressant d'un livre raté sur un sujet qui, lui, marche du feu de Dieu. Depuis une dizaine d'années, saint Paul, l'apôtre des Nations, est l'objet d'un débat électrique de philosophie politique, résumable à deux interrogations : qu'est-ce que l'universel ? L'homme est-il «un» ou traversé de différences irréductibles ? Questions décisives, qui affectent jusqu'à notre attitude face à l'actualité la plus immédiate. Car si l'universel n'existe pas, s'il n'est qu'une machine niveleuse vouée à enfanter le totalitarisme, alors chaque tradition, chaque différence, petite ou grande, sera fondée à persévérer dans son être. L'espoir d'un homme nouveau, fondement du christianisme comme de tous les projets révolutionnaires classiques, sera déclaré mort et il n'y aura plus, répondant à l'appel de Benny Lévy, qu'à «sortir de l'Histoire».

C'est Alain Badiou qui, en 1997, a propulsé Paul au cœur de la discussion. Saint Paul, la fondation de l'universalisme a été une étape importante dans une contre-offensive par laquelle une poignée de penseurs tentent, après la chute du mur de Berlin, de formuler un nouveau projet révolutionnaire - pour appeler un chat un chat. Pour y parvenir, il leur faut d'abord répondre à l'objection massive faite au communisme à partir de la fin des années 70, en particulier par les philosophes d'inspiration lévinassienne (Benny Lévy, Bernard-Henri Lévy, Glucksmann) : le marxisme, pensée totalisante, donc totalitaire, aurait écrasé la si