Barbara Honigmann a d’abord été metteur en scène et dramaturge, elle est l’auteur de deux pièces inédites en France. Elle est aussi l’auteur de sept livres, essais et fiction. Tous ont été traduits en français.
Quelle sorte de livre avez-vous écrit ? Un récit autobiographique ? Un mémoire familial ?
Je dirais que c'est un roman. On entend des bribes d'histoires, on les traduit, on les travaille, c'est ça un roman, non ? Mais je pourrais aussi dire que c'est un portrait. Max Liebermann était un peintre post-impressionniste, un original berlinois, qui a aussi peint les portraits de gens importants. Un jour, comme l'un d'eux se plaignait que le portrait n'était pas ressemblant, il a répondu : «Et pourtant, ce portrait vous ressemble encore plus que vous-même», c'est ça un portrait.
Le livre fait une grande part à ce que votre mère appelait ce «chapitre de ma vie». C’est un chapitre central ?
Forcément, puisque ça l'a suivie jusqu'à la fin. Je ne sais pas si elle l'aurait dit comme ça, mais moi, ce que je vois, c'est quelle a pris, très jeune, un parti et qu'elle n'a jamais pu revenir en arrière. Elle a en quelque sorte été piégée par son engagement, je ne parle pas tant du Parti communiste ou de son mariage avec Philby, que de son lien avec le KGB. Le Parti communiste, beaucoup de gens en sont sortis, mais le KGB ? Une fois que vous vous êtes engagés, il ne vous lâche plus. Ma mère s'est séparée de Philby autour de 1943, plus tard, elle s'est installée à Berlin, lui est resté en activité jusqu'en 1963, quand il a été démasqué. Ça veut dire que, pendant vingt ans, ma mère s'est promenée avec ce secret. Le KGB a tué pour bien moins, comment se fait-il qu'ils l'aient laissé