La Guerre sans fin commence par une scène digne d'un grand film de guerre : durant l'assaut contre Fallouja, en novembre 2004, les marines, excédés par les appels au jihad lancés depuis les minarets, installent d'énormes enceintes pour jouer à fond Hell's Bells (les cloches de l'enfer), le tube d'AC/DC. Guerre sainte contre hard-rock : la scène aurait pu être inventée par Coppola. Est-ce parce qu'ils ont les meilleurs films que les Américains font la guerre comme ils la racontent ? La Guerre sans fin de Dexter Filkins est le meilleur livre (en français) de journalisme à ce jour sur la guerre d'Irak. Un grand livre. Significativement, il débute en Afghanistan, avant le 11 septembre 2001, lorsque ce pays sans espoir n'attirait que quelques reporters fascinés par l'ironie morbide de son interminable descente aux enfers. Puis un jour, ce monde-là, arriéré, sanglant et sans pitié pour la vie d'autrui, est entré dans nos vies moelleuses. Dexter Filkins était à New York. «Tous les vendeurs de falafels ou de showarma dans les rues avoisinantes, venus des quatre coins du monde, avaient dû penser la même chose que moi lorsqu'ils avaient entendu l'impact et qu'ils avaient vu les tours : qu'ils étaient revenus au pays.» Retour en Afghanistan, où tout a commencé, où débute ce que Bush appelle la «guerre contre le terrorisme», mais qui, pour les Afghans, n'est rien d'autre que «jang», la guerre tout court, un mode de vie, un
Critique
Descentes aux enfers
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par Christophe Ayad
publié le 3 janvier 2009 à 6h51
(mis à jour le 3 janvier 2009 à 6h51)
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