La IVe République, son instabilité ministérielle chronique et sa participation à la guerre d'Algérie, a laissé un souvenir mitigé aux Français. Encore faut-il, avant de juger, comprendre, mission à laquelle Georgette Elgey, depuis plus de quarante ans, s'est attelée. Les cinq volumes publiés - le dernier se centrant sur le drame algérien - proposent une histoire monumentale de ce régime d'autant moins apprécié que le pouvoir gaullien s'est employé à le déconsidérer.
Comment des gouvernants, parfois issus de la gauche et souvent passés par les rangs de la Résistance, en vinrent-ils à soutenir des politiques odieuses - on songe ici à la torture ? La classe politique n’imaginait pas, en 1954, reconnaître l’indépendance des départements algériens. Prisonniers de cette prémisse, les hommes au pouvoir s’enfermèrent dans une logique meurtrière, faisant du rétablissement de l’ordre un préalable. Ce raisonnement conduisit alors à un phénomène de radicalisation dont les modérés ne purent s’extraire. Les indépendantistes algériens tendirent à refuser le dialogue - surtout après le catastrophique arraisonnement de l’avion de Ben Bella. Le pouvoir, soumis à la rude pression qu’exerçaient les Français d’Algérie, s’en remit à l’armée. Rêvant de prendre sa revanche sur la défaite subie en Indochine, défiante à l’égard des politiques, imbibée de préjugés racistes, une partie du monde militaire exécuta sans état d’âme sa mission, s’émancipant d’autant plus du contrôle de civils mépr