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Critique

Profession : amateur

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Arts. Le rôle de l’Académie royale au XVIIIe siècle, par Charlotte Guichard.
publié le 8 janvier 2009 à 6h51
(mis à jour le 8 janvier 2009 à 6h51)

Si la figure du mécène domine l'art du XVIIe siècle, le XVIIIe siècle est l'âge d'or de l'«amateur d'art». Ce qui caractérise l'amateur, montre Charlotte Guichard, c'est qu'il est un personnage institutionnel. L'Académie royale de peinture et de sculpture, fondée en 1648 par Charles Le Brun, institue une classe particulière d'académiciens, les«honoraires amateurs». Longtemps issus de l'administration des Bâtiments du roi, leur recrutement se modifie après les années 1750 et privilégie le statut social, donnant un poids considérable à cette communauté des amateurs. On trouve ainsi des parlementaires et des financiers, mais aussi des membres de l'élite politique, comme Turgot. Le titre est donc officiel, point essentiel pour comprendre la figure de l'amateur qui «ne se définit pas dans un rapport à l'opinion publique et à la formation publique du goût», comme plus tard chez Diderot et les philosophes, mais par rapport à une institution monarchique.

Recrutement.Il ne suffit cependant pas d'être un membre de l'élite pour devenir un honoraire amateur. L'amateur doit faire preuve d'un goût sûr et éclairé, à la différence du simple curieux. Cette compétence lui vient en partie de sa distinction sociale, mais aussi de sa pratique artistique, apprentissage indispensable à une compréhension intime de l'acte de peindre. Pratique qui repose principalement sur la copie des maîtres et la gravure, les amateurs se faisant ains