Quinze jours après la mort de Donald Westlake, point d'orgue de l'effacement de la deuxième génération du roman noir américain, première bonne nouvelle 2009 : Un pays à l'aube de Dennis Lehane. Rien de très étonnant, diront certains. Depuis l'adaptation de Mystic River par Eastwood, la cote du Bostonien ne cesse de grimper, d'ailleurs Sam Raimi (Spiderman) a déjà jeté son dévolu sur Un pays à l'aube.
A y regarder de plus près, Lehane est un pourtant drôle de pistolet, à la trajectoire pas si lisible et prévisible que ça. Rien à voir, par exemple, entre MysticRiver et Shutter Island, huis clos psychiatrique et îlien à nos yeux bien plus inventif, dans le fond comme dans la forme (le film qu'en a tiré Scorsese, avec Leonardo DiCaprio, Mark Ruffalo et Ben Kingsley, doit sortir en septembre, on se frotte les mains d'avance). Et, à côté de ça, Lehane poursuit la série de ses débuts, autour d'un tandem de détectives privés, Patrick Kenzie et Angela Gennaro. Ce duo reconduit un dispositif déjà vu, avec dilemmes sentimentalo-professionnels à bâiller à la clé. De quoi soudain douter de la singularité et de l'apport de Lehane. Bilan: un auteur à l'ampleur très variable, à surveiller mais potentiellement déceptif.
Avec Un pays à l'aube, Lehane décolle franchement, dans l'ambition notamment. Très vite, on se sait sur un gros coup, et on sent que la main qui l'ourdit est ferme, assurée. Intitulé «Distribution», le prem