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Libération

Reinaldo Arenas, lettres et ne plus être

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publié le 15 janvier 2009 à 6h51
(mis à jour le 15 janvier 2009 à 6h51)

«J'ai l'intention de vous envoyer des copies de tous mes textes inédits et déjà corrigés par moi, car je vis en ce moment une période apocalyptique, et vous êtes les seules personnes qui peuvent (une fois que je serai parti vers d'autres enfers) continuer à publier mon oeuvre», écrit Reinaldo Arenas à «Jorge et Margarita adorés».«Ce moment» est décembre 1987, et l'écrivain cubain, qui ne se suicidera que trois ans plus tard, vient d'apprendre à New York qu'il a le sida et croit sa mort imminente. Mais semblable préoccupation, pour sa vie et pour son oeuvre, est malheureusement pour lui l'affaire de toute son existence.

L'auteur du Monde hallucinant, du Palais des très blanches mouffettes et du Portier naît à Cuba en 1943 et voit son premier et unique texte publié dans l'île en 1967. Margarita et Jorge Camacho, peintres cubains vivant à Paris, le repèrent alors à l'occasion d'une visite sur leur île natale et parviennent à sortir le manuscrit de ce qui sera le Puits en français (au Seuil). «Je n'avais pas de frère, c'est à peine si j'ai ressenti la chaleur d'une famille et j'ai deviné que notre fraternité serait durable», écrit Arenas à propos du couple Camacho, avec lequel paraît aujourd'hui sa correspondance, dans Avant la nuit, ses mémoires, qui devinrent un film de Julian Schnabel (2000), avec Javier Bardem et Johnny Depp. Très vite, sa liberté d'écrivain et son homosexualité lui valent d'être